mercredi 3 février 2016

camouflage cubisme et état d'urgence

jouer marylin sur les grilles du métro dans ma petite veste camouflage bensimon
je suis assez adepte du motif camouflage. j'ai découvert que ce sont des artistes français mobilisés pendant la 1ere guerre mondiale qui ont eu l'idée de recouvrir des pièces d'artillerie de toiles peintes inspirées du cubisme, ou de peindre directement des armes pour se fondre dans le paysage. le peintre Lucien-Victor Guirand de Scévola, de part ses entrées à paris, a pu établir un véritable organisation "artistique" au sein de l'armée et la valeur stratégique de ses camouflages a fini par totalement convaincre le maréchal Joffre, qui fit développer des ateliers à travers la france entière. pour l'anecdote, on dit que picasso s'écria en découvrant les premières armes camouflées "c'est nous qui avons fait cela?"
du cubisme à la guerre... l'art est partout. andy warhol récupéra le motif pour en faire des toiles de toutes les couleurs bien plus tard..  
et la mode eut vite fait de récupérer ce motif camaïeu.
en croisant récemment un militaire en camouflage de la tête au pieds (ils sont plusieurs à surveiller une école dans ma rue), au fond, j'ai réalisé que mon sentiment pour ce motif a toujours été double. et que résonnait un petit "retiens-moi d'acheter des trucs qui viennent de l'armée" en conclusion... d'acheter un uniforme pour faire la guerre
oui, je sais, j'ai des problèmes exsistentiels graves :) mais ce n'est pas aussi superficiel que ça , au fond. 

depuis que les attentats ont remplis nos rues de militaires, c'est devenu vraiment plus troublant à porter... et de croiser 2 ou 3 soldats par jour habillés de pieds en cap en camouflage, (bien que l'intérêt de porter des combis de ce type en pleine ville me laisse dubitative, si ce n'est pour être totalement fashion, ce qui me surprendrait en plein état d'urgence)... bref, il faut prendre les choses avec recul et humour, garder son âme de fashionistas et dépasser cette année 2015 tragique et le traumatisme "d'une guerre insidieuse dans nos murs" dépasser ses états d'âme, faire le deuil de notre vie légère d'avant, et de continuer de montrer qui l'on est avec ses fringues, avec ses codes, avec ce qu'on veut bien afficher.

je vais continuer à me camoufler dans cette jungle urbaine parce que j'adore ça au fond, jouer au chat et à la souris avec les couleurs, les codes, et "montrer ce que je veux cacher", comme dirait adjani ou gainsbourg, qui portait volontiers les vestes kakis de l'armée... 
mais je ne serai définitivement jamais en paix avec ces camaïeux kakis, marrons ou gris que j'aime tant. 

camouflage par andy warhol



source http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=798